Les maladies neuromusculaires constituent un groupe de pathologies hétérogènes aux mécanismes physiopathologiques distincts, et à la présentation clinique variable. Elles ont toutes pour origine l’atteinte d’un des composants de l’unité motrice, avec une perte progressive de la force musculaire. Le risque commun à ces maladies est l’apparition précoce d’une atteinte respiratoire restrictive, qui se traduit par une diminution des capacités ventilatoires sur les versants inspiratoire et expiratoire. Actuellement, de nouvelles problématiques, en particulier la prise en charge nutritionnelle, considérées comme secondaires ont également émergé. Etant donné le caractère continuel de la respiration, et le partage d’une composante anatomique et neurologique, les interactions entre déglutition et respiration sont fondamentales et nécessitent une parfaite coordination afin d’assurer les échanges gazeux et limiter le risque de pneumopathies par inhalation.
L’objectif de cette étude est de déterminer si l’évaluation des troubles respiratoires permet de mettre en évidence des éléments physiopathologiques prédictifs d’un risque de dysphagie. 17 enfants porteurs d’une maladie neuromusculaire, âgés de 5 à 17 ans, ont participé à l’étude. Chaque enfant a réalisé une évaluation spirométrique et un test de mastication d’un quart de biscuit afin d’apprécier son état respiratoire et ses capacités de mastication.
Les analyses statistiques mettent en évidence une diminution significative des performances de mastication, et de l’état nutritionnel qui en découle, lorsque la capacité vitale est inférieure à 80% de la valeur théorique. La double tâche déglutition-respiration, qu’imposent les temps de repas, tend à amener le patient vers une zone d’inconfort respiratoire à l’origine d’une fatigue accrue.
Ces observations confirment l’intérêt de proposer une évaluation régulière de ces fonctions afin de mettre en place précocement des adaptations ventilatoires ainsi qu’une prise en charge orthophonique appropriée.