Les enfants placés en pouponnière présentent des retards de développement cognitif et langagier, qui ont des conséquences à long terme. Les troubles de l’attachement, les carences précoces, et le milieu de vie institutionnel, entre autres, sont des causes connues de ces retards. Au profil atypique de ces enfants correspond un retard de langage spécifique qui nécessite une adaptation de l’intervention orthophonique.C’est dans ce cadre que nous avons choisi de mettre en place auprès d’une enfant placée de 22 mois, en situation de retrait relationnel, une intervention précoce orthophonique basée sur les interactions entre pensée, action et langage : l’ajustement protologique et langagier. Cette démarche, créée par Lydie Morel, a pour but la construction des premiers raisonnements et l’émergence du langage, et nous semble particulièrement adaptée pour ces enfants qui présentent un déficit d’interactions langagières et d’opportunités d’explorations.
Dans une visée compréhensive, nous avons consacré des temps d’observations in-situ et d’échanges avec les professionnels, afin de comprendre quels sont les éléments de la vie et de l’environnement de ces enfants qui peuvent avoir des incidences sur leur développement cognitif et langagier.
Nos séances filmées nous ont permis de constater la progression de l’enfant quant à ses conduites protologiques, au développement de sa communication et de ses capacités relationnelles, grâce aux données quantitatives et qualitatives qui en ont été extraites. La démarche de l’ajustement protologique et langagier, parce qu’elle offre une rencontre cognitive et relationnelle avec l’enfant, paraît particulièrement adaptée aux situations de retard développemental que peut présenter l’enfant carencé placé, présentant un retrait relationnel.