La dénomination orale d’images nécessite une sélection parmi plusieurs entrées lexicales sémantiquement reliées. Les études sur des sujets sains montrent, lors d’une tâche de dénomination, une interférence au niveau des latences en présence de distracteurs visuels sémantiques, c’est-à-dire un mot écrit présenté avant, en même temps ou après l’image-cible. Ces distracteurs partagent la même catégorie sémantique que celle du mot cible tandis que les distracteurs sémantiquement associés mènent plutôt à une facilitation. Les études chez les sujets aphasiques montrent un profil plus incertain.
Notre étude a utilisé ce paradigme d’interférence mot-image chez des sujets aphasiques, deux ans post AVC. Un effet d’interférence a été trouvé au niveau des latences, avec des distracteurs catégoriels, mais pas au niveau des erreurs. Cependant, un lien entre les paraphasies sémantiques et les distracteurs catégoriels a été observé. Les distracteurs associés n’ont pas montré de facilitation.
Il serait intéressant d’identifier les facteurs influençant la sensibilité à l’interférence, comme les variables sociodémographiques, le type de lésion, le degré de fatigabilité. Un travail sur les fonctions exécutives et l’attention permettrait de mieux comprendre les troubles cognitifs qui peuvent entraver la dénomination.
Ce travail permet une ouverture sur de nouvelles techniques de rééducation de l’anomie, en utilisant l’effet sémantique en dénomination orale d’images.