Les études actuelles établissent un lien à la fois anatomique et fonctionnel entre la motricité manuelle et la motricité oro-faciale. Ce lien est attesté non seulement d’un point de vue développemental mais également au niveau clinique notamment à cause de la coexistence de troubles moteurs et de parole au sein de différentes pathologies.
L’objectif de ce travail est d’explorer l’influence d’un entraînement moteur manuel sur les capacités d’imitation de praxies bucco-linguo-faciales et les productions orales (diadococinésies, dénomination d’images, répétition de non-mots) de 20 enfants tout- venant d’âge préscolaire et de quatre enfants présentant une dyspraxie verbale (trouble moteur de la parole).
Les résultats montrent un impact favorable de l’entraînement manuel sur le nombre de syllabes correctes par seconde, le pourcentage de mots/non-mots corrects, le pourcentage de consonnes correctes (PCC) ainsi que le score à l’épreuve de praxies chez les enfants tout-venant comme chez les enfants dyspraxiques verbaux. Plus précisément, le lien unissant l’activité de la main et celle de la bouche semble être plus marqué pour les tâches peu complexes à la fois d’un point de vue moteur et linguistique (diadococinésies, imitation de praxies).
Nos résultats semblent donc confirmer le lien moteur unissant la main et la parole. Ce dernier pourrait être attribué à l’existence d’un mécanisme neuronal sous-jacent reliant la motricité manuelle et la motricité oro-faciale. D’un point de vue clinique, cette étude laisse entrevoir l’intérêt de stimuler la main pour améliorer les productions orales verbales et non verbales de patients présentant un trouble de production de la parole.