Le processus de réparation, décrit par Schegloff et al., comme « le mécanisme autorégulé pour l’organisation de l’usage de la langue dans l’interaction sociale » (Sacks, Schegloff, & Jefferson, 1974, p. 723) est un concept linguistique, permettant de « réparer les erreurs, les violations ou les troubles dont l’interaction peut être l’objet à ses différents niveaux d’organisation » (Charaudeau, Maingueneau, Adam, & Bonnafous, 2002, p. 501). Cette compétence des locuteurs permet à l’interaction de se construire et de se maintenir. Elle est principalement étudiée dans l’interaction adulte-adulte.
Ce travail a pour objectif de décrire les différentes formes du processus de réparation dans l’interaction adulte-enfant, par analogie avec celles présentées dans l’interaction entre adultes, afin de l’envisager comme un outil orthophonique.
Ainsi, après avoir identifié les spécificités de cette compétence discursive dans l’interaction adulte-enfant, nous en avons décrit les étapes d’acquisition successives lors du développement de l’enfant; l’enfant apprend à produire un repair, c’est-à-dire à proposer une solution pour permettre un retour au fil de la conversation, avant de savoir initier un processus de réparation, c’est à dire d’être capable d’identifier une possible cassure dans l’échange. Puis, nous avons cherché à montrer l’intérêt du processus de réparation dans la prise en charge orthophonique, en envisageant ce processus comme un outil d’étayage. Enfin, nous intéressant au développement langagier et cognitif global de l’enfant, nous nous sommes penchées sur l’intérêt de l’emploi de cet outil dans un cadre plus large que celui décrit par les linguistes. Ainsi, nous avons souhaité étendre la définition du processus de réparation à tout matériel sur lequel l’orthophoniste pourrait avoir à faire une remédiation ou un accompagnement : c’est-à-dire, l’ensemble des compétences cognitives en développement chez l’enfant.
Selon cette étude, les différentes structures du processus de réparation décrites dans ce mémoire peuvent être envisagées comme moyen d’étayage.
En effet, lors d’une prise en charge orthophonique, l’utilisation de ces différentes structures, consciente et graduelle, peut nous permettre d’adapter notre posture au niveau langagier et cognitif de l’enfant ainsi qu’à nos objectifs thérapeutiques.