Les hommes naissent avec la capacité de discriminer tous les phonèmes de toutes les langues, puis se spécialisent dans ceux de leur langue maternelle durant la petite enfance. Ainsi, lorsqu’ils sont exposés à une langue étrangère à l’âge adulte, ils ont du mal à percevoir certains phonèmes qui n’existent pas dans leur langue.
Notre étude évalue les capacités de perception des consonnes fricatives dentales anglaises (le phonème non-voisé /θ/ entendu dans “think” et le phonème voisé /ð/ comme dans “that”) par des auditeurs francophones européens adultes par rapport à des consonnes françaises proches (/f/, /s/, /t/, /v/, /z/ et /d/, qualifiés de voisins articulatoires), en les analysant selon le Perceptual Assimilation Model – PAM. Une tâche de discrimination et une tâche de catégorisation de phonèmes ont été proposées à nos participants afin de déterminer quels contrastes entre nos phonèmes-cibles et leurs voisins articulatoires sont les plus difficiles à distinguer.
Les participants testés ont plus de difficultés à discriminer les contrastes /θ/-/f/ et /ð/-/v/ que les autres paires de phonèmes. Ces résultats ont permis de corroborer les prédictions du PAM concernant la discrimination phonémique dans la perception d’une langue seconde et participent à l’élaboration d’un projet plus large sur l’acquisition de ces phonèmes.