Les personnes aphasiques ayant subi un Accident Vasculaire Cérébral présentent fréquemment des déficits cognitifs non linguistiques (fonctions exécutives, mémoire de travail, attention). Ces difficultés peuvent alors venir se combiner aux troubles langagiers existants et mettre à mal certaines activités langagières complexes telles que la compréhension de textes. Or, la rééducation des troubles non langagiers est bénéfique, y compris chez la personne aphasique, et l’extension de ses effets sur les fonctions langagières est connue. Étant donné que de tels effets de transfert nécessitent une pratique intensive, répétitive et adaptée, les applications mobiles se présentent comme une solution pertinente. Notre objectif était d’étudier l’effet d’un entraînement cognitif quotidien via les applications sur la compréhension textuelle de personnes aphasiques. Nous avons émis l’hypothèse que l’entraînement des fonctions exécutives, de la mémoire de travail et de l’attention permet d’améliorer la compréhension des idées principales et des détails du texte ainsi que la réalisation d’inférences. Une prise en soin en cross-over a été réalisée, permettant soit une intervention basée sur la rééducation des processus exécutifs, mnésiques et attentionnels via les applications, soit une intervention classique. Les participants ont reçu les deux types de rééducation, dans un ordre randomisé. Des évaluations des fonctions exécutives, de la mémoire de travail et de l’attention divisée ainsi que de la compréhension textuelle ont été proposées à trois reprises (T0, T+6 semaines et T+12 semaines). Les participants ont particulièrement amélioré leurs fonctions exécutives. Nos résultats suggèrent qu’après l’entraînement leur compréhension de textes ait progressé : ils comprennent mieux les idées générales et les détails d’un texte mais ils font aussi preuve de meilleures capacités d’inférence. Les explorations du recoupement entre langage et processus cognitifs non linguistiques méritent d’être poursuivies. Pour ce faire, la télérééducation, conduite par le thérapeute, pourrait être une démarche novatrice à développer en clinique.