Le bégaiement est un trouble de la fluence en lien avec de nombreux facteurs, notamment le langage. L’impact de la complexité syntaxique sur le bégaiement a déjà été maintes fois étudié, mais rarement chez l’adulte et il n’existe que peu d’études chez l’adulte francophone. De plus, la complexité syntaxique n’a pas été mesurée de la même façon dans les recherches déjà menées. C’est pour cela que l’objectif de cette étude était d’analyser des énoncés de complexité syntaxique croissante, produits par 12 adultes francophones qui bégayaient et 12 adultes francophones normo-fluents appariés, afin de vérifier s’il existe un lien entre la complexité syntaxique et le taux de bégaiement. Le second objectif était de vérifier quel était l’indice de calcul qui reflétait le mieux la complexité syntaxique.
L’analyse s’est portée sur les 24 énoncés produits par chaque sujet lors d’une tâche de description d’images. La complexité syntaxique de chaque énoncé a été estimée avec trois indices de calcul : le MLU (Mean Length of Utterance), l’ISC (Index of Syntax Complexity) et l’IPSyn (Index of Productive Syntax). Les observations montrent que les adultes qui bégaient ont produit significativement plus de disfluences en fonction de l’augmentation de la complexité syntaxique des énoncés. L’impact de la complexité syntaxique sur le bégaiement de l’adulte est donc avéré. L’indice le plus pertinent pour expliquer les disfluences des adultes qui bégaient se trouve être le MLU. La complexité syntaxique d’une phrase peut donc se mesurer en fonction de sa longueur.
Ainsi, cette étude contribue à l’élargissement des connaissances sur le bégaiement de l’adulte francophone. Elle soulève un questionnement essentiel à prendre en compte tout au long du suivi orthophonique de ces personnes, à savoir s’il est plus pertinent de diminuer les exigences externes (notamment la complexité syntaxique des productions) ou d’améliorer les compétences langagières internes (spécifiquement la syntaxe).