La sémantique a un rôle essentiel dans la reconnaissance des mots, mais elle ne constitue pas le seul élément contextuel à considérer pour le traitement des mots. La prosodie émotionnelle est un élément non-verbal de la communication constituant une source d’information additionnelle, dont le rôle dans la reconnaissance des mots est démontré dans la littérature. Par exemple, il a été montré que, en allemand, la phrase “Elle a passé ses examens” en prosodie joyeuse entraîne une reconnaissance plus rapide du mot positif “réussite” que du mot négatif « échec » (Schirmer et al., 2002).
Notre mémoire étudie le rôle de la sémantique et de la prosodie émotionnelle (ici, les prosodies joyeuse et triste) dans la reconnaissance des mots en français. Nous étudions également leur interaction pour déterminer si, en situation de lien sémantique, la prosodie émotionnelle facilite la reconnaissance des mots, rendant notre travail inédit. À l’aide des paradigmes d’amorçages sémantique et affectif appliqués au travers d’une tâche de décision lexicale, nous comparons les temps de réponse de 96 sujets pour la reconnaissance de mots-cibles écrits à valence positive ou négative, après l’écoute d’une phrase prononcée en prosodie joyeuse ou triste. Chaque sujet est confronté à quatre conditions expérimentales correspondant aux liens émotionnel et sémantique entre amorces et cibles : “congruentes reliées”, “congruentes non reliées”, “incongruentes reliées” et “incongruentes non reliées”.
Nos résultats ne montrent pas de rôle significatif de la sémantique, ni de la prosodie émotionnelle dans la reconnaissance des mots, ni d’interaction entre la prosodie émotionnelle et la sémantique, que les mots-cibles soient positifs ou négatifs. Notre absence de résultats significatifs peut s’expliquer par certains biais de manipulation justifiant la nécessité d’approfondir cette étude, notamment en contrôlant la perception par les sujets de la prosodie émotionnelle et des liens sémantiques entre amorces et cibles en amont de l’expérimentation.