Le bilinguisme peut se définir comme la capacité à s’exprimer aisément dans deux langues différentes. Il peut être abordé de différents points de vue ou selon plusieurs critères. Les enfants bilingues suivent sensiblement le même développement langagier que des enfants monolingues avec quelques particularités. A La Réunion, il existe une situation singulière de bilinguisme créole réunionnais-français qui relève plus de l’interlecte que du bilinguisme pur. Afin de prendre en compte cette réalité, certains dispositifs ont été mis en place à l’école, comme les classes bilingues par exemple. En ce qui concerne l’orthophonie, il est également important de prendre en compte l’impact du bilinguisme sur le développement langagier d’un patient à toutes les étapes de la prise en soins.
En partant de ces constats, nous avons décidé d’évaluer les effets de l’enseignement bilingue sur le développement du langage des enfants réunionnais créolophones et de voir si les outils pédagogiques mis en place pouvaient être transposés à l’orthophonie. Ainsi, nous avons comparé le profil langagier de deux groupes d’enfants, d’une part des enfants scolarisés en classe bilingue et d’autre part des enfants scolarisés en classe traditionnelle à travers deux évaluations à 11 mois d’intervalle. Nous avons également questionné les enseignantes.
Les résultats de l’étude montrent que les enfants en classe bilingue ont une évolution plus importante à certaines épreuves langagières que les enfants en classe traditionnelle et qu’ils ont une aisance langagière plus développée. Les résultats à l’épreuve de discrimination codique, quant à eux, ne traduisent pas de différence significative entre les groupes mais cela peut être expliqué par les habitudes langagières des enfants. Plusieurs outils utilisés en classe bilingue peuvent être mis en œuvre dans la pratique orthophonique.
En outre, cette étude souligne l’importance de prendre en compte l’individu dans sa globalité que ce soit à l’école, en orthophonie ou ailleurs. Elle met en avant les bénéfices de la reconnaissance de la langue maternelle de l’enfant.