Étude en cours (Entrainement cognitif avec les outils HappyNeuron) : Prise en charge informatisée et à distance des patients Alzheimer au stade prodromal.

 

Notre organisme doit s’adapter au déclin cognitif inhérent au vieillissement (Green et al. 2008). En particulier, le fonctionnement cérébral se modifie afin de répondre aux impacts de différents facteurs externes et internes sur le cerveau et de façon plus générale sur l’organisme.

Le modèle STAC (Scaffolding Theory of Aging and Cognition ; Reuter-Lorenz & Park, 2014) suppose que le cerveau développe au fur à mesure de la vie des réseaux spécifiques et efficaces pour assurer différentes activités cognitives. Lorsque ces réseaux font défaut, dû par exemple aux différentes agressions qui vont altérer la structure et le fonctionnement du cerveau, celui-ci s’adapte et construit des réseaux de remplacement pour faire face à cette nouvelle situation. La réserve cognitive constituée tout au long de la vie ainsi qu’une prise en charge cognitive adaptée, via par exemple un entraînement cognitif, sont au centre de ce modèle.
D’une façon générale, les études portant sur l’entraînement cognitif réalisé auprès de personnes âgées au vieillissement normal ainsi que de patients atteints de maladies neurodégénératives, telle que la maladie d’Alzheimer, ont montré un bénéfice de l’entrainement cognitif. Rebok et al. (2007) ont montré non seulement que l’entraînement cognitif est efficace chez la personne âgée, mais que ses bénéfices peuvent persister à très long-terme et qu’ils ont un impact positif sur les activités de la vie quotidienne.
En effet, le bénéfice de l’entraînement mnésique s’est maintenu jusqu’à 5 ans après l’entraînement, et celui du raisonnement et de la vitesse de traitement d’information jusqu’à 10 ans. Par ailleurs, la majorité des sujets testés a noté une amélioration subjective dans les tâches quotidiennes.

Concernant la maladie d’Alzheimer, plusieurs études ont montré des résultats positifs (Galante et al., 2007; Mate-Kole et al., 2007). De nombreux travaux menés afin de déterminer en quoi doit consister cette prise en charge et quelles méthodes seraient les plus efficaces (Choi & Twamley, 2013) soulignent, d’une part, que l’intervention doit être précoce (Herrera et al. 2012) et d’autre part, qu’elle doit être organisée de manière à minimiser l’abandon. Dans ce sens, plusieurs équipes ont démontré l’importance de programmes informatisés sur l’avenir des prises en charges de ces patients (Gates & Sachdev, 2014 ; Canu et al, 2018 ; Djabelkhir-Jemmi et al., 2018). En effet, ils permettent de proposer de multiples exercices qui sont plus ludiques et qui s’adaptent de manière dynamique à chaque individu. Cependant, si l’on considère aujourd’hui que l’entrainement informatisé a tout à fait sa place dans une prise en charge clinique au cabinet, par exemple d’orthophonie, l’apport d’un entrainement à distance, en dehors du cabinet, a rarement été évalué (Günter et al., 2010).

En effet, ce type d’entraînement pourrait être proposé en complément d’une prise en charge en cabinet. Il présente plusieurs avantages : la réduction des contraintes liées au déplacement, la flexibilité concernant le moment dans la journée pour effectuer l’entraînement, et l’augmentation de la fréquence des entraînements (Ressner et al., 2018 ; Cruz et al., 2013).

Dans la présente étude nous souhaitons évaluer de façon systématique si, un entraînement à distance avec les outils Happyneuron, en complément d’un entraînement au cabinet, apporte des bénéfices supplémentaires dans la prise en charge des troubles cognitifs chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade prodromal à modéré.
L’objectif principal de cette étude est de montrer l’apport à court et long terme de l’entrainement cognitif informatisé à distance en complément d’un entraînement réalisé dans un cabinet. L’objectif secondaire est d’étudier la fréquence d’entraînements nécessaire pour obtenir les effets d’entraînement notables.

L’évaluation de la contribution d’un entraînement cognitif à distance fait en complément à un entraînement au cabinet permettra de donner des indications claires quant à l’utilité d’une prescription par le médecin de ce type de prise en charge de troubles cognitifs chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, ainsi que des indications quant à la posologie de ces entraînements et   contribuera à la connaissance des effets d’entraînement cognitifs sur la cognition, les émotions et l’estime de soi.

Samar DIMACHKI,
Orthophoniste, Doctorante en Sciences cognitives – Neuropsychologie et Neurosciences cliniques

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