Les mots croisés et sudoku pourraient-ils optimiser notre santé cognitive ?

Une récente étude, la plus grande réalisée à ce jour, vient de dévoiler à travers deux articles parus dans l’International Journal of Geriatric Psychiatry, les possibles effets positifs des mots croisés et des sudoku sur les fonctions cognitives des seniors.

Plus de 19000 ! Voilà le nombre impressionnant de participants sur lequel repose l’étude qui va vous être présentée ici. Toutes ces personnes de plus de 50 ans se sont inscrites sur Protect, une plateforme en ligne, gérée par l’Université d’Exeter et le King’s College de Londres. Chaque participant devait renseigner la fréquence à laquelle il effectuait (ou non) des grilles de mots ou de chiffres et réaliser une série de tests cognitifs réguliers. Actuellement, cette plateforme compte plus de 22000 inscrits et la recherche va s’étendre aux Etats-Unis et à Hong Kong.

Une première étude a analysé les données de 19078 sujets en bonne santé, âgés de 50 à 93 ans qui ont autodéclaré leur fréquence de réalisation de « casse-têtes numériques » (de type sudoku). Une échelle à 6 niveaux a été déterminée, allant de « plus d’une fois par jour » à « jamais ». Deux batteries de tests ont été utilisées pour évaluer divers aspects des fonctions cognitives, tels que le raisonnement, l’attention focalisée, les mémoires de travail et épisodique. Les résultats observés sur 14 mesures cognitives indiquent une relation étroite entre la fréquence de la pratique du sudoku et la qualité des fonctions cognitives des sujets. Même si tous les résultats ne sont pas statistiquement significatifs, il s’avère que les personnes qui s’adonnent le plus souvent à cette activité (plus d’une fois/jour) présentent des fonctions cérébrales équivalentes à 10 ans de moins que leur âge (pour les tests de raisonnement grammatical) et à 8 ans de moins que leur âge à des tests de mémoire à court terme.

La seconde étude qui porte sur la même cohorte a analysé les effets sur les fonctions cognitives des fréquences autodéclarées de pratique de grilles de mots (de type mots croisés, mots mêlés, mots énigmes) sur la même échelle à 6 niveaux. Comme pour la première étude, les sujets qui ne réalisent jamais ce type d’activités ont les performances les plus faibles aux tests cognitifs. Les personnes ayant signalé une pratique occasionnelle affichent également des résultats bien moins bons que les autres groupes. Par ailleurs, on peut noter que c’est la vitesse d’exécution des diverses tâches cognitives (notamment au niveau du raisonnement grammatical) qui distinguent les deux groupes de fréquences les plus élevées.

La directrice de la recherche, Anne Corbett, de la faculté de médecine de l’Université d’Exeter a déclaré que : « plus les personnes s’engagent régulièrement dans des énigmes telles que les mot croisés et le sudoku, plus leurs performances sont nettes dans diverses tâches d’évaluation de la mémoire, de l’attention et du raisonnement. » Selon elle, cette recherche tend à démontrer que la pratique quotidienne d’énigmes de mots et de chiffres pourrait aider notre cerveau à mieux fonctionner plus longtemps.

Plus largement, cette recherche de grande ampleur apporte des preuves de plus en plus fortes que la réalisation d’activités mentalement stimulantes ne peut qu’être bénéfique pour notre santé cognitive.

Mickaël Lenfant
Docteur en Sciences du Langage, Service éditorial HappyNeuron

Sources : 

  • Keith A. Wesnes, Helen Brooker, Clive Ballard, Adam Hampshire, Dag Aarsland, Zunera Khan, Rob Stenton, Laura McCambridge et Anne Corbett. « An online investigation of the relationship between the frequency of word puzzle use and cognitive function in a large sample of older adults », in International Journal of Geriatric Psychiatry, nov. 2018
  • Helen Brooker, Keith A. Wesnes, Clive Ballard, Adam Hampshire, Dag Aarsland, Zunera Khan, Rob Stenton, Maria Megalogeni et Anne Corbett. « The relationship between the frequency of number-puzzle use and baseline cognitive function in a large online sample of adults aged 50 and over », in International Journal of Geriatric Psychiatry, fév.2019
  • Site de l’Université d’Exeter : « Regular crosswords and number puzzles linked to sharper brain in later life ». http://www.exeter.ac.uk/news/featurednews/title_716265_en.html